Après la paléographie hébraïque

Nous disposons désormais des outils nécessaires pour écrire le second genre d'histoire juive, celle qui s'occupe du manuscrit comme objet concret et historique. Jusqu'ici, seuls quelques manuscrits exceptionnels et les manuscrits datés avaient bénéficié d'une description codicologique et paléographique. Or, d'une part, les manuscrits datés ne sont qu'une petite partie des manuscrits existants, de l'autre, ni dans les notices paléographiques ni dans nos publications, nous n'avons étudié les textes.

Les manuscrits datables n'ont pas bénéficié de description paléographique. En revanche, presque tous leurs textes ont été catalogués, souvent de manière rapide, mais quelquefois de manière détaillée et remarquable, par les érudits qui nous ont précédés. Toutefois, même dans les meilleurs catalogues, bien des détails n'ont pas été relevés : les premiers et derniers mots des textes, la structure et les parties des ouvrages, ni les autres détails nécessaires à une description vraiment complète. 

L'une des solutions était de reprendre les catalogues existants et de leur adjoindre de courtes descriptions paléographiques. Ainsi, M. Beit-Arié a ajouté des notices paléographiques au catalogue de la Bodleian Library à Oxford. Pour les bibliothèques Palatina à Parme et Vaticana, à Rome, B. Richler, avec l'équipe de l'Institute of Microfilmed Hebrew Manuscripts à Jérusalem, a repris et complété la description des textes des catalogues anciens et M. Beit-Arié a écrit les descriptions paléographiques. Ce sont des travaux importants qui rendent grand service aux chercheurs. Et c'était le seul moyen de traiter en un temps relativement court un grand nombre de manuscrits. 

Le Catalogue des manuscrits en caractères hébraïques conservés en France (qui succède au Catalogue de H. Zotenberg paru en 1866) est publié dans le cadre de l'IRHT et de la BnF, sous la direction de Philippe Bobichon et de Laurent Héricher. Il est le plus ambitieux et le plus complet de tous les catalogues de manuscrits hébreux rédigés jusqu'à présent : pour chaque manuscrit,on trouve des photographies, une description très détaillée du texte, celle des caractères codicologiques et paléographiques et celle de l'histoire du manuscrit. En revanche, la rédaction est lente : chaque volume (plus de 200 pages) décrit dix à quarante manuscrits et demande un ou deux ans de travail pour un catalogueur déjà formé au genre de texte traité et à la paléographie, sans compter l'aide apportée par le reste de l'équipe du Catalogue. Malgré tous les obstacles, et, en particulier, les difficultés financières, cinq volumes ont déjà paru, deux autres paraîtront en 2015, et plusieurs autres sont en préparation.

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